Témoignage de Sasha et Déborah

L’histoire de notre association commence avec l’expérience de sa présidente, Déborah.

Voici leur témoignage à travers les yeux de son enfant : Sasha

"Je m’appelle Sasha, j’ai maintenant 13 ans. J’ai été diagnostiqué autiste à l’âge de 4 ans. Mais maman le savait déjà, ce ne fut pas une surprise. Papa aussi, peut-être, mais il ne voulait pas se le raconter ainsi.

C’est difficile d’être intégré, d’être inclus avec les autres quand on est différent, quand on est perçu comme bizarre. Alors maman n’a pas pu travailler, elle a dû s’occuper de moi. Mais sans effort, car c’est ma maman et elle m’aime. Elle allait dans des endroits où il y avait plein d’enfants pour que je puisse en côtoyer d’autres.

Les enfants étaient prêts à m’accepter, mais pour les adultes, c’était une autre histoire. Ces adultes, à travers les paroles des enfants, disaient : "Pourquoi tu ne pars pas ? " Et certains de ces adultes me disaient directement : "Sasha, tu ne vois pas que tu fais peur à tout le monde ?" Ou bien des phrases abominables comme : "Cet enfant ne peut pas rester ici." On parlait alors de moi en disant " il ", à la troisième personne. Je n’avais plus de prénom, j’étais déshumanisé… Moi, je voulais juste jouer, j’étais simplement un enfant plein d’énergie! " Il faut l’enfermer, il doit aller dans une institution spécialisée."

À ce moment-là, ma mère a commencé à rencontrer des personnes qui préféraient avoir des remords plutôt que des regrets. Ces personnes m’ont accepté tel que je suis et ont mis en place des actions pour faire accepter cette différence. Je sais que je suis différent. Est-ce une force ou une faiblesse pour les hommes ? Laissez-moi donc en faire l’expérience. Ce n’est pas encore gagné, car c’est difficile pour certains de l’accepter. Mais au final, si je suis moi-même, ne suis-je pas comme les autres ? Et les autres, autistes, trisomiques, etc., sont aussi comme moi, et veulent être acceptés parmi les autres.

Alors voilà, maman a essayé de créer une association. Mais pas seulement pour les autistes, pour tous les autres aussi. Elle s’appelle Autis’mo et plus… Poser des mots. Avec l’aide d’une poignée de personnes bienveillantes.

Cela parle d’essayer, de faire avancer tous ceux qui vivent sur cette terre pour accepter la différence, car il faut toujours y croire. C’est une association de plus, oui peut-être. Mais pas comme les autres. Pour une belle cause, plus grande que moi, que nous. Pour être ému, pour être dans la vie, tout simplement.

Il y a des mots qui font mal. " Mais qu’est-ce qu’il a ? " " Il n’a rien à faire ici, il n’est pas normal. " Alors ces mots, d’une sauvagerie extrême, deviennent des maux. Et ma maman, malgré toutes ces offenses, est toujours debout, elle s’est relevée. Et moi, si je pouvais parler comme eux, les grands, je leur dirais que je suis petit, que ça ne se dit pas devant un enfant, ni à une mère. Je leur dirais que je pensais que les adultes disaient toujours la vérité. Et quand je deviendrai grand, peut-être que je n’aurai pas envie de me dire : qu’est-ce qui a changé ? Pas grand-chose. Peut-être que moi aussi, je n’aurai pas trouvé de réponse à toutes les questions que je me pose. Moi aussi, dans mes rêves, je voudrais peut-être me marier avec Hermione. Une magicienne qui m’acceptera comme je suis.

Alors peut-être que les enfants différents, qui deviendront des adultes différents, pourront eux aussi parcourir le monde, sans en être exclus. C’est possible, non ? Pour que moi, Sasha, et les autres, soyons nous-mêmes et gardions le sourire et notre soleil intérieur. Et qui sait, peut-être que, comme Neil Armstrong, nous irons aussi sur la Lune. "